
Ceci est une tribune du Consultant en organisation et
directeur général d’Internale Consulting, Arouna Sanogo, sur les mesures de
lutte contre la COVID-19 dans les pays africains.
Dans le cadre de lutte contre la pandémie COVID-19,
plusieurs initiatives prises par les acteurs sociaux et les populations, sont
en cours dans les pays africains. Ces initiatives vont de la fabrication
artisanale de dispositifs de lavage des mains, de gel hydro-alcoolique, de sas
de décontamination, de masques barrières, aux appareils respiratoires.
Même si elles sont produites de manière artisanale, il
ne faut pas perdre de vue que chaque solution doit répondre à certaines normes
et exigences pour être efficaces, pour répondre aux besoins pour lesquels elles
sont produites. Cela est tout aussi valable pour masques barrières grand
public.
La fabrication des "masques barrières" ne
doit pas déroger à certaines exigences de fabrication.
Les "masques barrières" sont destinés en principe au grand public
notamment les personnes saines ou asymptomatiques. Ils viennent en complément
des gestes barrières édictés par les experts de la santé et ne remplacent pas
les masques destinés aux personnels soignants, à savoir les masques filtrant de
type FFP2 et les masques anti projections de type chirurgical.
La fabrication des "masques barrières" ne
doit pas déroger à certaines exigences de fabrication, même s’ils sont destinés
au grand public avec des techniques de fabrication à portée de tous.
Dans un contexte où Plusieurs pays africains rendent
obligatoire le port du masque, la question de sa disponibilité se pose. Sur un
marché international où tous les pays se les arrachent, la production locale
est sans aucun doute un levier qui permettra de combler ce gap. Dans le cadre
des initiatives déjà entamées, les entrepreneurs locaux peuvent être mobilisés
et encadrés pour produire massivement ce type de masques.
C’est le cas d’un pays comme le Maroc qui a pu
mobiliser un écosystème local pour arriver à produire aujourd’hui plus de 21
millions de masques par semaine.
Pour rendre accessible la production de masques, certaines organisations ont
rendu public des cahiers des charges de leur fabrication.
C’est le cas du CHU de Lille en France qui a mis en
téléchargement gratuit le cahier des charges de son masque
« GARRIDOU », un masque en tissu lavable et réutilisable destiné aux
personnels hospitaliers. D’autres cahiers des charges de masques grand public
sont aussi disponibles. Celui de l’Agence Française de Normalisation (AFNOR)
est un bel exemple en la matière.
AFNOR SPEC S76-002, Masques barrières guide d’exigence minimales de méthodes
d’essais de confection et d’usage
" AFNOR SPEC S76-002, Masques barrières guide
d’exigences minimales de méthodes d’essais de confection et d’usage" est
la référence de ce cahier des charges, produit à l’initiative de l’AFNOR, en
cette période de confinement. Ce référentiel n’est pas encore homologué comme
Norme France (NF).
Sur la forme, le référentiel a la même structure que
les normes ISO, Organisation Internationale de la Normalisation. Il se
décompose en 9 chapitres. Dans le fond , au chapitre 1 : "domaines
d’applications", les objectifs du référentiel sont énoncés comme
suit : "Le présent document spécifie les exigences minimales de
fabrication, de conception et de performance, ainsi que les méthodes d’essai
relatives aux masques barrières, éventuellement réutilisables, destinés à diminuer
le facteur de risque de transmission générale de l’agent infectieux" Dans
cette partie du référentiel il est également stipulé que le port de ce type de
masque "permet de constituer une barrière de protection contre une
éventuelle pénétration virale dans la zone bouche et nez de son utilisateur ou
d’une personne se trouvant à proximité."
En d’autres termes, ce type de masque lavable et
réutilisable peut protéger contre le virus à l’origine du COVID-19. Le
référentiel donne les indications sur les exigences pour les matériaux à
utiliser, le dimensionnement, les interactions avec le milieu interne et
externe, les tests de fiabilité et les techniques de confection. En annexe,
sont même fournis des patrons imprimables de masques barrières de type
« Bec de canard » et ceux « à plis ».
La Norme Burkinabè, NBF-ST 002 :2020, Masques
barrières Guide d’exigences minimales, de méthodes d’essais, de confection et
d’usage
Ce référentiel peut être adapté au contexte des pays
africains, pour favoriser la production d’un référentiel ou d’une norme
nationale de fabrication de masques grand public. C’est le cas au Burkina Faso
où ce référentiel de l’AFNOR est déjà adopté comme une Norme Nationale (NBF),
NBF-ST 002 : 2020 par l’Agence Burkinabé de Normalisation (ABNORM), homologuée
par arrêté du ministère du commerce de l’industrie et de l’artisanat.
Cependant, pour le cas d’espèce au Burkina Faso, un effort reste encore à faire
dans la contextualisation du référentiel.
L’Afrique a toujours souffert de la critique de ne pas
faire assez souvent recours à son expertise locale, ses spécialistes locaux.
Les pouvoirs publics africains ont ici une opportunité pour corriger le tir,
surtout dans un cas où le besoin ne nécessite pas de spécialistes pour être
satisfait : La fabrication de manière industrielle en série ou artisanale
des masques barrières.
Pour aller plus loin, avec un bon encadrement, nos artisans locaux africains
pourront même fabriquer des masques de type FFP2.
Arouna SANOGO Consultant en organisation
Directeur Général Internale Consulting around1st@internaleconsulting.com